Je les ai accompagnés pendant 3 ans.
Ils étaient arrivés en France quelques mois plus tôt. En bateau. Clandestins. Seuls.
Ils ont quitté leur famille, leurs amis, leur pays, leur culture, leur monde connu, et ont traversé des moments qu’ils taisent.
Ces jeunes de 15,16,17 ans ont atterri dans ma classe, pour un an de course contre la montre: apprendre à lire, et écrire, en français, des rudiments de maths, et un peu de notre culture. Mais surtout, trouver une formation, une entreprise qui les accueille et les conduise dans l’apprentissage d’un métier.
Leur objectif : être un bon apprenti pour être embauché le plus vite possible.
Moi j’ai été leur enseignante et au delà du sport que je leur faisais faire, j’ai surtout pris mon téléphone pour appeler les entreprises afin qu’elles les accueillent, leur donnent leur chance.
Peu, comparé au voyage qu’ils avaient entrepris pour se sauver.
J’étais derrière le bureau, mais ce sont EUX qui m’ont donné une LEÇON DE VIE.
Respectueux, de leurs professeurs, de l’école, du matériel, de leurs pairs.
Travailleurs, éduqués à l’effort, persévérants, solidaires aussi, toujours.
Souriants, quels que soient les jours d’hiver, le manque affectif, le froid , la solitude, rigolant à la moindre occasion, jusqu’à s’écrouler par terre d’un rire si communicatif ! Pleins d’humour, à se chambrer en permanence.
Appliqués , ouverts, intelligents, capables d’une formidable adaptabilité.
Sains, ni tabac ni alcool ni sucreries, couchés tôt levés tôt, sportifs, endurants, pleins d’énergie.
Généreux enfin, toujours prêts à aider, se soutenant les uns les autres, prêts à donner le peu qu’ils ont.
Ces gamins m’ont apporté tellement de JOIE, de bonheur tout simple, être avec eux a réveillé mon innocence, une certaine forme d’émerveillement devant quelque chose qui a un peu disparu chez nous, oui une innocence, une pureté.
Pour tout cela, je les REMERCIE du fond du cœur.
Et je suis heureuse de les revoir régulièrement, c’est une chance et un honneur pour moi d’être dans leur vie.